Cet espace de 5000m² en périphérie d'Alençon a connu depuis un siècle et demi de nombreux changements, de la congrégation religieuse au collectif culturel alternatif.
Merci à Malou Estenne de nous autoriser à reproduire en partie cet article. Dans l'original vous trouverez en plus deux entretiens très intéréssants, avec:
Une pensionnaire de la Solitude des Petits Châtelets de 1958 à 1965.
Astrid Agaccio, étudiante à l'École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais qui a consacré son projet de fin d’études aux Petits Châtelets.
En 1855, l'abbé Lindet, prêtre du diocèse et aumônier de prison, donne son enclos des Châtelets à la congrégation des soeurs Marie-Joseph pour qu'elles y fondent un refuge pour les jeunes femmes «repentantes». Le lieu est alors connu comme le couvent des repenties.
Un décret de 1869 stipule que cet établissement a pour but d’accueillir des «jeunes filles indigentes d’Alençon» et de leur procurer «des leçons de travail, de morale et de religion». La congrégation oeuvre jusqu’en 2000 pour héberger des femmes en difficulté: filles-mères, pupilles de la nation et femmes sortant de prison.
Pour Gérard Cholvy, spécialiste de l'histoire religieuse contemporaine de la France, «le rôle de ces congrégations religieuses est ambigu».
Ces lieux sont à la fois un lieu de privation de liberté, de rééducation morale et d'aide sociale. Ces institutions sont vivement critiquées au moment du vote des lois 1901 et 1905, en plein conflit entre confessionnels et laïques. À partir de 1968, beaucoup d’entre elles ferment leur portes.
En 1975, le volet social s’ancre définitivement aux Petits-Châtelets avec la création d’une Mecs (Maison d’enfants à caractère social), qui existe toujours aujourd’hui. Simultanément s’ouvre un foyer d’hébergement, la Clarté, qui accueillera en plus de trente-cinq ans 1 500 femmes seules en difficulté et leurs enfants.
En 2008, l'association laïque des Petits-Châtelets achète l'ensemble des bâtiments.
Suite à la fermeture de la Clarté, les locaux sont progressivement loués à des artistes et artisans de toutes disciplines. Depuis 2015, la chapelle est occupée par l'association Chapêlmêle, qui promeut la culture pour tous. Le lieu, identifié comme alternatif, réunit désormais un collectif d’une dizaine d’artistes. «Paradoxalement, c’était un lieu d’enfermement et c’est devenu un lieu de liberté», résume Gabriel Soulard, comédien-clown en résidence à Chapêlmêle.